A l’occasion de notre journée consacrée à l’islamisme radical, vous vous interrogez ce matin sur le mot « islamophobie » qui est apparu dans le vocabulaire politique…
Oui, ce mot que l’on entend beaucoup en ce moment pose problème. Il est porteur de confusion et d’instrumentalisation victimaire. Il est apparu en 1979 quand, juste après le renversement du Shah d’Iran, des féministes américaines et des Iraniens opposants de gauche, qui avaient milité pour la révolution et la démocratie, se sont scandalisés des premières décisions sexistes et liberticides du régime de l’ayatollah Khomeini. Ils ont été qualifiés par Téhéran « d’islamophobes ». Mais c’est surtout ces dernières années que le terme a pris sa place dans le débat public. Il devient synonyme de racisme anti-musulman. Il veut établir un parallèle avec l’antisémitisme et, bien souvent, joue sur un sentiment de « deux poids deux mesures ». Comme il y a un antisémitisme qu’il faut combattre, il y aurait une islamophobie qu’il faut combattre. Et c’est vrai que des actes comme la profanation de tombes musulmanes ou la distribution, par des groupes d’extrême droite, d’une aide alimentaire à base exclusive de porc pour les SDF, sont des actions racistes anti-musulmans. Mais le problème c’est que le mot « islamophobie » est utilisé, dans un même élan pour critiquer la lutte contre l’islamisme radical, le blasphème ou même la volonté de contenir la religion musulmane dans le lit de la laïcité, comme le sont en ce moment, en France, les religions catholique, juive ou protestante. Le mot « islamophobie », loin de lutter contre l’amalgame entre les intégristes islamistes et les musulmans, ne fait que l’alimenter puisqu’il met dans le même sac la lutte contre l’islamisme radical, le blasphème et le racisme anti-musulman.
La loi d’interdiction de la burqa a été qualifiée « d’islamophobe » par certains de ses opposants.
Oui, et pourtant on peut penser ce que l’on veut de cette loi (qu’elle est inapplicable par exemple) mais ce n’est pas une loi raciste … Ce peut être une loi « islamiste-ophobe », auquel cas il s’agirait d’une phobie justifiée. De même, des organisations qui luttent contre ce qu’ils appellent « l’islamophobie » ont organisé des distributions gratuites de pains au chocolat pour protester contre la tirade de Jean-François Copé. Ça laisse entendre que Jean-François Copé aurait prononcé une phrase raciste, là où il a fait de l’opportunisme politique déplacé. La limite est ténue, c’est vrai, mais Jean-François Copé n’est pas raciste, il a dénoncé ce qu’il considérait être un abus d’intégristes. Seulement il l’a fait en donnant l’impression que l’histoire qu’il racontait était une généralité. Un amalgame blessant pour tous les musulmans, même pour les plus respectueux de la laïcité. Un peu comme certains cachent leur antisémitisme derrière un antisionisme obsessionnel, le fait de considérer, par exemple la question de la viande halal comme un problème majeur en France peut relever d’une obsession qui confine au racisme. On devrait alors parler de dérive « musulmanophobe » pour être plus précis et ne pas brailler avec les utilisateurs du mot « islamophobie » qui généralement se servent de ce terme pour trouver des excuses à l’islam radical et transformer ses promoteurs en victimes.